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Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 1.djvu/192

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m’a ranimée ; voyez comme je suis forte et bien disposée maintenant.

Elle repoussa le bras de la comtesse et fit quelques pas avec la même rapidité et la même force que s’il ne fût rien arrivé.

— Mes chevaux ! dit-elle ; je pars.

M. de Rohan regarda tout étonné M. de Stainville, comme pour lui demander l’explication de ce changement subit.

— M. le dauphin s’impatiente, répondit le gouverneur à l’oreille du cardinal.

Le mensonge avait été glissé avec tant d’adresse, que M. de Rohan le prit pour une indiscrétion et s’en contenta.

Quant à Andrée, son père l’avait habituée à respecter tout caprice de tête couronnée ; elle ne fut donc pas surprise de cette contradiction de Marie-Antoinette ; aussi celle-ci se retournant vers elle et ne voyant sur son visage que l’expression d’une ineffable douceur :

— Merci, mademoiselle, dit-elle, votre hospitalité m’a vivement touchée.

Puis s’adressant au baron :

— Monsieur, dit-elle, vous saurez qu’en partant de Vienne j’ai fait le vœu de faire la fortune du premier Français que je rencontrerais en touchant aux frontières de France. Ce Français, c’est votre fils… Mais il ne sera point dit que je m’arrêterai là, et que mademoiselle… Comment nomme-t-on votre fille, monsieur ?

— Andrée, Votre Altesse.

— Et que mademoiselle Andrée sera oubliée…

— Oh ! Votre Altesse, murmura la jeune fille.

— Oui, j’en veux faire une demoiselle d’honneur ; nous sommes en état de faire nos preuves, n’est-ce pas, monsieur ? continua la dauphine en se tournant vers Taverney.

— Oh ! Votre Altesse, s’écria le baron dont cette parole réalisait tous les rêves, nous ne sommes point inquiets de ce côté-là, car nous avons plus de noblesse que de richesse… cependant… une si haute fortune…

— Elle vous est bien due… Le frère défendra le roi aux armées, la sœur servira la dauphine chez elle ; le père donnera