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Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 1.djvu/209

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— Pour le gâter. Bon ! il est déjà assez vicieux comme cela.

— Non, pour le faire vivre.

— On lui enverra quelque chose, s’il crie.

— Bah ! dit Nicole, soyez tranquille, mademoiselle, il ne criera pas.

— N’importe, dit Andrée, laisse-lui trois ou quatre pistoles.

— Il ne les acceptera point.

— Il ne les acceptera point ? Il est donc bien fier, ton M. Gilbert !

— Oh ! mademoiselle, ce n’est plus le mien, Dieu merci !

— Allons, allons, dit Taverney, pour rompre tous ces détails dont son égoïsme se fatiguait, allons, au diable M. Gilbert ! le carrosse nous attend, montons en voiture, ma fille.

Andrée ne répliqua point, elle salua du regard le petit château, et rentra dans le lourd et massif carrosse.

Monsieur de Taverney s’y plaça près d’elle. La Brie, toujours vêtu de sa magnifique livrée, et Nicole, qui semblait n’avoir jamais connu Gilbert, s’installèrent sur le siège. Le cocher enjamba un des chevaux en postillon.

— Mais, M. l’exempt, où se place-t-il ? cria Taverney.

— À cheval, monsieur le baron, à cheval, répondit Beausire en lorgnant Nicole, qui rougissait d’aise d’avoir si vite remplacé un grossier paysan par un élégant cavalier.

Bientôt la voiture s’ébranla sous les efforts de quatre vigoureux chevaux ; et les arbres de l’avenue, de cette avenue si connue d’Andrée, commencèrent à glisser des deux côtés du carrosse, et à disparaître un à un, tristement inclinés sous le vent d’est, comme pour dire un dernier adieu aux maîtres qui les abandonnaient. On arriva près de la porte cochère.

Gilbert s’était placé droit, immobile, à cette porte. Le chapeau à la main, il ne regardait pas, et pourtant il voyait Andrée.

Elle, penchée de l’autre côté de la portière, cherchait à voir le plus longtemps possible sa chère maison.

— Arrêtez un peu, s’écria M. de Taverney au postillon.

Celui-ci retint ses chevaux.

— Çà, monsieur le fainéant, dit le baron à Gilbert, vous allez être bien heureux ; vous voilà seul comme doit être