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Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 1.djvu/64

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À la vue de ces cheveux, la figure du voyageur se rasséréna, et tout son être se calma, du moins en apparence.

— Allons, dit-il en passant sur son front une main qui ruissela aussitôt de sueur, allons, c’est bien ; et elle ne vous a rien dit en partant ?

— Si fait, monsieur.

— Que vous a-t-elle dit ?

— De vous annoncer qu’elle ne vous quittait point par haine, mais par crainte ; qu’elle était une digne chrétienne, tandis que vous, au contraire…

Le jeune homme hésita.

— Tandis que moi, au contraire… répéta le voyageur.

— Je ne sais si je dois vous redire ?… fit le jeune homme.

— Eh ! redites, parbleu !

— Tandis que vous, au contraire, étiez un athée et un mécréant, à qui Dieu avait bien voulu donner ce soir un dernier avertissement ; qu’elle l’avait compris, elle, cet avertissement de Dieu, et qu’elle vous invitait à le comprendre.

— Et c’est tout ce qu’elle vous a dit ? demanda-t-il.

— C’est tout.

— Bien ; alors parlons d’autre chose.

Et les dernières traces d’inquiétude et de mécontentement parurent s’envoler du front du voyageur.

Le jeune homme regardait tous ces mouvements du cœur reflétés sur le visage avec une curiosité indiquant que lui aussi était doué d’une certaine dose d’observation.

— Maintenant, dit le voyageur, comment vous nommez-vous, mon jeune ami ?

— Gilbert, monsieur.

— Gilbert tout court ? mais c’est un nom de baptême, ce me semble.

— C’est mon nom de famille, à moi.

— Eh bien ! mon cher Gilbert, c’est la Providence qui vous place sur mon chemin pour me tirer d’embarras.

— À vos ordres, monsieur, et tout ce que je pourrai faire…

— Vous le ferez, merci. Oui, à votre âge, on oblige pour le