Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 1.djvu/98

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Vous avez un moyen tout simple pour cela.

— Lequel ?

— Puisque vous êtes si bien avec le diable, priez-le donc de me faire trouver la pierre philosophale.

— Monsieur le baron, si vous y teniez beaucoup…

— À la pierre philosophale ! parbleu ! si j’y tiendrais !

— Il faudrait alors vous adresser à une personne qui n’est pas le diable.

— Quelle est cette personne ?

— Moi, comme dit Corneille dans je ne sais plus quelle comédie qu’il me récitait, tenez, il y a juste cent ans, en passant sur le Pont-Neuf à Paris.

— La Brie ! vieux coquin ! s’écria le baron, qui commençait à trouver la conversation dangereuse à une pareille heure et avec un pareil homme, tâchez de trouver une bougie et d’éclairer monsieur.

La Brie se hâta d’obéir, et tout en faisant cette recherche, presque aussi chanceuse que la pierre philosophale, il appela Nicole pour qu’elle montât la première et donnât de l’air à la chambre rouge.

Nicole laissa Andrée seule, ou plutôt Andrée fut enchantée de trouver cette occasion de congédier sa chambrière : elle avait besoin de demeurer avec sa pensée.

Le baron souhaita le bonsoir à Balsamo et alla se coucher.

Balsamo tira sa montre, car il se rappelait la promesse qu’il avait faite à Althotas. Il y avait deux heures et demie déjà, au lieu de deux heures, que le savant dormait. C’étaient trente minutes perdues. Il demanda donc à La Brie si le carrosse était toujours au même endroit.

La Brie répondit qu’à moins qu’il n’eût marché tout seul, il devait y être.

Balsamo s’informa alors de ce qu’était devenu Gilbert.

La Brie assura que Gilbert était un fainéant qui devait être couché depuis une heure au moins.

Balsamo sortit pour aller réveiller Althotas, après avoir étudié la topographie du chemin qui conduisait à la chambre rouge.