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Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 2.djvu/114

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— Je vous déclare, au contraire, que j’accepte, madame ; mais pas pour le moment présent. Voici une heure qui sonne à l’Abbaye ; donnez-moi jusqu’à trois heures ; à cinq heures précises, je serai à Luciennes.

— Permettez-vous qu’à trois heures mon frère vienne vous prendre avec son carrosse ?

— Parfaitement.

— Maintenant, soignez-vous d’ici là.

— Ne craignez rien. Je suis gentilfemme, vous avez ma parole, et dussé-je en mourir, je vous ferai honneur demain à Versailles.

— Au revoir, ma chère marraine !

— Au revoir, mon adorable filleule !

Et elles se séparèrent ainsi, la vieille toujours couchée, une jambe sur ses coussins, une main sur ses papiers ; Madame Dubarry, plus légère encore qu’à son arrivée, mais le cœur légèrement serré de n’avoir pas été la plus forte avec une vieille plaideuse, elle qui, à son plaisir, battait le roi de France.

En passant devant la grande salle, elle aperçut Jean qui, sans doute pour ne pas donner de soupçons sur sa présence prolongée, venait d’attaquer une seconde bouteille.

En apercevant sa belle-sœur, il bondit de sa chaise et courut à elle.

— Eh bien ? lui dit-il.

— Voici ce qu’a dit le maréchal de Saxe à Sa Majesté en lui montrant le champ de bataille de Fontenoy : « Sire, apprenez par ce spectacle combien une victoire est chère et douloureuse. »

— Nous sommes donc vainqueurs ? demanda Jean.

— Un autre mot. Mais celui-là nous vient de l’antiquité. « Encore une victoire comme celle-là, et nous sommes ruinés. »

— Nous avons la marraine ?

— Oui ; seulement, elle nous coûte près d’un million !

— Oh ! oh ! fit Dubarry avec une effroyable grimace.

— Dame ! c’était à prendre ou à laisser !