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Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 2.djvu/214

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— Oh ! soyez tranquille, monsieur.

Jacques se leva et s’approcha de Thérèse.

— Je ne veux pas, voyez-vous, chère amie, que ce jeune homme se perde. Paris est un séjour pernicieux ; ici nous le surveillerons.

— C’est donc une éducation que vous faites. Il paiera donc pension, votre élève ?

— Non, mais je vous réponds qu’il ne vous coûtera rien. À partir de demain, il se nourrira lui-même. Quant au logement, comme la mansarde nous est à peu près inutile, faisons-lui cette charité.

— Comme tous les paresseux s’entendent ! murmura Thérèse en haussant les épaules.

— Monsieur, dit Gilbert, plus fatigué que son hôte lui-même de cette lutte qu’il livrait pied à pied, pour une hospitalité qui l’humiliait, je n’ai jamais gêné personne, et je ne commencerai certes point par vous, qui avez été si bon pour moi. Ainsi, permettez que je me retire. J’ai aperçu, du côté du pont que nous avons traversé, des arbres sous lesquels il y a des bancs. Je dormirai fort bien, je vous assure, couché sur un de ces bancs.

— Oui, dit Jacques, pour que le guet vous arrête comme un vagabond.

— Qu’il est, dit tout bas Thérèse en desservant.

— Venez, venez, jeune homme, dit Jacques, il y a là-haut, autant que je puis m’en souvenir, une bonne paillasse. Cela vaudra toujours mieux qu’un banc ; et puisque vous vous contenteriez d’un banc…

— Oh ! monsieur, je n’ai jamais couché que sur des paillasses, dit Gilbert.

Puis revenant sur cette vérité par un petit mensonge :

— La laine m’échauffe trop, continua-t-il.

Jacques sourit.

— La paille est en effet rafraîchissante, dit-il. Prenez sur la table un bout de chandelle et suivez-moi.

Thérèse ne regarda même plus du côté de Jacques. Elle poussa un soupir, elle était vaincue.