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Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 2.djvu/51

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— Madame, dit le vicomte, je profiterai de votre gracieuse obligeance.

Et il raconta son affaire au chancelier qui l’écouta gravement.

— Il vous faudrait des témoins, dit M. de Maupeou après un moment de silence.

— Ah ! s’écria du Barry, je reconnais bien là le juge intègre, qui ne veut se laisser influencer que par l’irrécusable vérité. Eh bien ! on vous en trouvera des témoins…

— Monseigneur, dit la comtesse, il y en a déjà un qui est tout trouvé.

— Quel est ce témoin ? demandèrent ensemble le vicomte et M. de Maupeou.

— Moi, dit la comtesse.

— Vous, madame ? fit le chancelier.

— Écoutez, monsieur, l’affaire ne s’est-elle pas passée au village de la Chaussée ?

— Oui, madame. — Au relais de la poste ?

— Oui.

— Eh bien ! je serai votre témoin. Je suis passée sur les lieux où l’attentat avait été commis, deux heures après cet attentat.

— Vraiment, madame ? dit le chancelier.

— Ah ! vous me comblez, dit le vicomte.

— À telles enseignes, poursuivit la comtesse, que tout le bourg racontait encore l’événement.

— Prenez garde ! dit le vicomte, prenez garde ! Si vous consentez à me servir en cette affaire, très probablement les Choiseul trouveront un moyen de vous en faire repentir.

— Ah ! fit le chancelier, cela leur serait d’autant plus facile que madame la comtesse a dans ce moment un procès dont le gain me paraît fort aventuré.

— Monseigneur, monseigneur, dit la vieille dame portant les mains à son front, je roule d’abîmes en abîmes.

— Appuyez-vous un peu sur monsieur, fit le chancelier à demi voix, il vous prêtera un bras solide.