Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 2.djvu/54

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du vicomte et lui donna un ordre tout bas.

— Oh ! le charmant petit négrillon ! s’écria la comtesse. Est-ce à madame votre sœur ?

— Oui, madame ; c’est un de ses favoris, dit le vicomte.

— Je lui en fais mon compliment.

Presque au même moment, les deux battants du salon d’attente s’ouvrirent, et le valet de pied introduisit la comtesse de Béarn dans le grand salon, où madame du Barry donnait ses audiences.

Pendant que la plaideuse examinait en soupirant le luxe de cette délicieuse retraite, Jean du Barry était allé trouver sa sœur.

— Est-ce elle ? demanda la comtesse.

— En chair et en os.

— Elle ne se doute de rien ?

— De rien au monde.

— Et le Vice ?

— Partait. Tout conspire pour nous, chère amie.

— Ne restons pas plus longtemps ensemble alors, qu’elle ne se doute de rien.

— Vous avez raison, car elle m’a l’air d’une fine mouche. Où est Chon ?

— Mais vous le savez bien, à Versailles.

— Qu’elle ne se montre pas surtout.

— Je le lui ai bien recommandé.

— Allons, faites votre entrée, princesse.

Madame du Barry poussa la porte de son boudoir, et entra.

Toutes les cérémonies d’étiquette, déployées en pareil cas à l’époque où se passent les événements que nous racontons, furent scrupuleusement accomplies par ces deux actrices, préoccupées du désir de se plaire l’une à l’autre.

Ce fut madame du Barry qui, la première, prit la parole.

— J’ai déjà remercié mon frère, madame, dit-elle, lorsqu’il m’a procuré l’honneur de votre visite ; c’est vous que je remercie à présent d’avoir bien voulu penser à me la faire.

— Et moi, madame, répondit la plaideuse charmée, je ne