Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 2.djvu/60

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— Mon Dieu, oui. Madame la baronne d’Aloigny… Connaissez-vous madame la baronne d’Aloigny ?

— Non, monsieur. Hélas ! je ne connais plus personne : il y a vingt ans que j’ai quitté la cour.

— Eh bien ! c’est madame la baronne d’Aloigny qui lui sert de marraine. Le roi la comble, cette chère baronne ; son mari est chambellan ; son fils passe aux gardes avec promesse de la première lieutenance ; sa baronnie est érigée en comté ; les bons de la cassette du roi sont permutés contre des actions de la ville, et le soir de la présentation elle recevra vingt mille écus comptant. Aussi elle presse, elle presse.

— Je comprends cela, dit la comtesse de Béarn avec un gracieux sourire.

— Ah ! j’y pense, s’écria Jean.

— À quoi ? demanda madame du Barry.

— Quel malheur ! ajouta-t-il en bondissant sur son fauteuil, quel malheur que je n’aie pas rencontré huit jours plutôt madame chez notre cousin le vice-chancelier.

— Eh bien ?

— Eh bien ! nous n’avions aucun engagement avec la baronne d’Aloigny à cette époque-là.

— Mon cher, dit madame du Barry, vous parlez comme un sphinx, et je ne vous comprends pas.

— Vous ne comprenez pas ?

— Non.

— Je parie que madame comprend.

— Pardon, monsieur, mais je cherche en vain.

— Il y a huit jours vous n’aviez pas de marraine ?

— Sans doute.

— Eh bien ! adame… je m’avance peut-être trop ?

— Non, monsieur, dites.

— Madame vous en eût servi ; et ce qu’il fait pour madame d’Aloigny, le roi l’eût fait pour madame.

La plaideuse ouvrait de grands yeux.

— Hélas ! dit-elle.

— Ah ! si vous saviez, continua Jean, quelle grâce Sa Majesté a mise à lui accorder toutes ces faveurs. Il n’a pas été besoin de