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Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 2.djvu/79

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— J’aime beaucoup ce mouvement, sire ; il me prouve que Votre Majesté serait désespérée de voir la défaite des Grammont, des Guéménée et de toutes les bégueules de la cour.

— Plaît-il ?

— Sans doute, vous vous liguez avec tous ces gens-là !

— Je me ligue ?… Comtesse, apprenez une chose, c’est que le roi ne se ligue qu’avec des rois.

— C’est vrai ; mais tous vos rois sont les amis de M. de Choiseul.

— Revenons à votre marraine, comtesse.

— J’aime mieux cela, sire.

— Vous êtes donc parvenue à en fabriquer une ?

— Je l’ai bien trouvée toute faite, et de bonne façon encore : une comtesse de Béarn, famille de princes qui ont régné ; rien que cela. Celle-là ne déshonorera pas l’alliée des alliées des Stuarts, j’espère.

— La comtesse de Béarn ! fit le roi avec surprise. Je n’en connais qu’une, qui doit habiter du côté de Verdun.

— C’est celle-là même ; elle a fait le voyage tout exprès.

— Elle vous donnera la main ?

— Les deux mains !

— Et quand cela ?

— Demain, à onze heures du matin, elle aura l’honneur d’être reçue en audience secrète par moi ; et en même temps, si la question n’est pas bien indiscrète, elle demandera au roi de fixer son jour, et vous le lui fixerez le plus rapproché possible, n’est-ce pas monsieur la France ?

Le roi se prit à rire, mais sans franchise.

— Sans doute, sans doute, dit-il en baisant la main de la comtesse.

Mais tout à coup :

— Demain à onze heures ! s’écria-t-il.

— Sans doute, à l’heure du déjeuner.

— Impossible, chère amie.

— Comment ! impossible ?

— Je ne déjeune pas ici, je m’en retourne ce soir.