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LXXII

VOYAGE AÉRIEN.


Gilbert était ainsi préparé à son débarquement dans le jardin ennemi, c’est ainsi qu’il qualifiait tacitement la maison de Taverney, et de sa lucarne il explorait le terrain avec l’attention profonde d’un habile stratégiste qui va livrer la bataille, lorsque dans cette maison si muette, si impassible, une scène se passa qui attira l’attention du philosophe.

Une pierre sauta par-dessus le mur du jardin et vint frapper en angle le mur de la maison.

Gilbert savait déjà qu’il n’y a point d’effet sans cause, il se mit donc à chercher la cause ayant vu l’effet.

Mais Gilbert, quoiqu’en se penchant beaucoup, ne put apercevoir la personne qui de la rue avait lancé la pierre.

Seulement — et tout aussitôt, il comprit que cette manœuvre se rattachait à l’événement qui venait d’arriver — seulement encore il vit s’ouvrir avec précaution l’un des contrevents d’une pièce du rez-de-chaussée, et, par l’entre-bâillement de ce volet, passa la tête éveillée de Nicole.

À la vue de Nicole, Gilbert fit un plongeon dans sa mansarde, mais sans perdre un instant de vue l’alerte jeune fille.

Celle-ci, après avoir exploré du regard toutes les fenêtres, et particulièrement celles de la maison, Nicole, disons-nous, sortit de sa demi-cachette et courut dans le jardin comme pour s’approcher de l’espalier, où quelques dentelles séchaient au soleil.

C’était sur le chemin de cet espalier qu’avait roulé la pierre que, non plus que Nicole, Gilbert ne perdait pas de l’œil. Gilbert la vit crosser d’un coup de pied cette pierre, qui pour le moment acquérait une si grande importance, la crosser encore