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Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 3.djvu/184

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avez subi une si terrible épreuve, et avez été sauvée si miraculeusement.

— Miraculeusement, c’est le mot, mon frère.

— Mais, à propos de ce salut miraculeux, Andrée, continua Philippe en se rapprochant de sa sœur pour donner plus d’importance à la question, savez-vous que je n’ai encore pu causer avec vous de cette catastrophe ?

Andrée rougit et sembla éprouver un malaise.

Philippe ne remarqua point ou ne parut point remarquer cette rougeur.

— Je croyais cependant, dit la jeune fille, que mon retour avait été accompagné de tous les éclaircissements que vous pouviez désirer ; mon père, lui, m’a dit avoir été très satisfait.

— Sans doute, chère Andrée, et cet homme a mis une délicatesse extrême dans toute cette affaire, à ce qu’il m’a semblé du moins ; cependant plusieurs points de son récit m’ont paru, non pas suspects, mais obscurs, c’est le mot.

— Comment cela, et que voulez-vous dire, mon frère ? demanda Andrée avec une candeur toute virginale.

— Oui, sans doute.

— Expliquez-vous.

— Ainsi, par exemple, poursuivit Philippe, il y a un point que je n’avais point d’abord examiné, et qui, depuis, s’est présenté à moi très étrange.

— Lequel ? demanda Andrée.

— C’est, dit Philippe, la façon dont vous avez été sauvée. Racontez-moi cela, Andrée.

La jeune fille parut faire un effort sur elle-même.

— Oh ! Philippe, dit-elle, j’ai presque oublié, tant j’ai eu peur.

— N’importe ! ma bonne Andrée, dis-moi tout ce dont tu te souviens.

— Mon Dieu ! vous le savez, mon frère, nous fûmes séparés à vingt pas à peu près du Garde-Meuble. Je vous vis entraîner vers le jardin des Tuileries, tandis que j’étais entraînée, moi, vers la rue Royale. Un instant je pus vous distinguer encore,