Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 3.djvu/193

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— Là, là ! dit le baron, voilà les extrêmes. Tout à l’heure, elle ne voulait rien, maintenant elle ruinerait un empereur de la Chine. Oh ! mais n’importe, demande ; les belles robes t’iront bien, Andrée.

Là-dessus, et après un baiser très tendre, le baron ouvrit la porte d’une chambre qui séparait la sienne de celle de sa fille, et disparut en disant :

— Cette damnée Nicole, qui n’est point là pour m’éclairer !

— Voulez-vous que je la sonne, mon père ?

— Non, j’ai La Brie qui dort sur quelque fauteuil ; bonsoir, mes enfants.

Philippe s’était levé de son côté.

— Bonsoir aussi, mon frère, fit Andrée, je suis brisée de fatigue. Voilà la première fois que je parle autant depuis mon accident. Bonsoir, cher Philippe.

Et elle donna sa main au jeune homme, qui la baisa fraternellement, mais en mêlant à cette fraternité une sorte de respect qu’il avait toujours eu pour sa sœur, et qui partit en effleurant dans le corridor la portière derrière laquelle était caché Gilbert.

— Voulez-vous que j’appelle Nicole ? dit-il à son tour en s’éloignant.

— Non, non, cria Andrée, je me déferai seule. Adieu, Philippe.


LXXIV

CE QU'AVAIT PRÉVU GILBERT.


Andrée, restée seule, se souleva sur sa chaise, et un frisson passa dans tout le corps de Gilbert.

La jeune fille était debout ; de ses mains blanches comme l’albâtre, elle détachait une à une les épingles de sa coiffure, tandis que le léger peignoir qui la couvrait, glissant de ses