Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 3.djvu/223

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— À quoi ?

— La belle question, pardieu ! à vous ; et vous lui dites avec votre adorable voix flûtée : « Ah ! duc, duc ! »

— Très bien.

— « Vous êtes un homme, vous ; vous êtes fort ; vous avez pris Mahon ; secouez-moi donc un peu ce diable de prunier, afin que j’aie cette satanée prune. » N’est-ce pas cela, comtesse, hein ?

— Absolument, duc ; je disais la chose tout bas, tandis que vous la disiez tout haut ; mais que répondiez-vous ?

— Je répondais…

— Oui ?

— Je répondais : « Comme vous y allez, comtesse ! Je ne demande certes pas mieux ; mais regardez donc, regardez donc, comme cet arbre est solide, comme les branches sont rugueuses ; je tiens à mes mains aussi, moi, que diable ! quoiqu’elles aient cinquante ans de plus que les vôtres. »

— Ah ! fit tout à coup la comtesse, bien, bien, je comprends.

— Alors, continuez l’apologue : que me dites-vous ?

— Je vous dis…

— De votre voix flûtée ?

— Toujours.

— Dites, dites.

— Je vous dis : « Mon petit maréchal, cessez de regarder indifféremment cette prune, que vous ne regardez indifféremment, au reste, que parce qu’elle n’est point pour vous ; désirez-la avec moi, mon cher maréchal ; convoitez-la avec moi, et, si vous me secouez l’arbre comme il faut, si la prune tombe, eh bien !… »

— Eh bien ?

— « Eh bien, nous la mangerons ensemble. »

— Bravo ! fit le duc en frappant les deux mains l’une contre l’autre.

— Est-ce cela ?

— Ma foi, comtesse, il n’y a que vous pour finir un apologue.