Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 3.djvu/272

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Non, dit-il, Lorenza, vous avez raison, ce jour-là je ne vous guérirai point, je vous ressusciterai.

Lorenza poussa un cri d’effroi : elle ne connaissait pas de bornes au pouvoir de Balsamo ; elle crut à sa menace.

Balsamo était sauvé.

Tandis qu’elle s’abîmait dans cette nouvelle cause de son désespoir, qu’elle n’avait pas prévue, et que sa raison vacillante se voyait enfermée dans un cercle infranchissable de tortures, la sonnette d’appel agitée par Fritz retentit à l’oreille de Balsamo.

Elle tinta trois fois rapidement et à coups égaux.

— Un courrier, dit-il.

Puis, après un court intervalle, un autre coup retentit.

— Et pressé, dit-il.

— Ah ! fit Lorenza vous allez donc me quitter !

Il prit la main froide de la jeune femme.

— Encore une fois, dit-il, et la dernière, vivons en bonne intelligence, vivons fraternellement, Lorenza ; puisque la destinée nous a liés l’un à l’autre, faisons-nous de la destinée une amie et non un bourreau.

Lorenza ne répondit rien. Son œil fixe et morne semblait chercher dans l’infini une pensée qui lui échappait éternellement, et qu’elle ne trouvait plus peut-être pour l’avoir trop poursuivie, comme il arrive à ceux dont la vue a trop ardemment sollicité la lumière après avoir vécu dans les ténèbres et que le soleil a aveuglés.

Balsamo lui prit la main et la lui baisa sans qu’elle donnât signe d’existence.

Puis il fit un pas vers la cheminée.

À l’instant même Lorenza sortit de sa torpeur et fixa avidement ses yeux sur lui.

— Oui, murmura-t-il, tu veux savoir par où je sors, pour sortir un jour après moi, pour fuir comme tu m’en as menacé ; et voilà pourquoi tu te réveilles, voilà pourquoi tu me suis du regard.

Et, passant sa main sur son front, comme s’il s’imposait à lui-même une contrainte pénible, il étendit cette même main