Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 3.djvu/276

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Lorenza s’arrêta après cette lecture.

— Vous ne voyez rien autre chose ? demanda Ralsamo.

— Je ne vois rien.

— Pas de post-scriptum ?

— Non.

Balsamo, dont le front s’était déridé à mesure qu’il lisait, reprit à Lorenza la lettre de la duchesse.

— Pièce curieuse, dit-il, que l’on me paierait bien cher. Oh ! comment écrit-on de pareilles choses ! s’écria-t-il. Oui, ce sont les femmes qui perdent toujours les hommes supérieurs. Ce Choiseul n’a pu être renversé par une armée d’ennemis, par un monde d’intrigues, et voilà que le souffle d’une femme l’écrase en le caressant. Oui, nous périssons tous par la trahison ou la faiblesse des femmes… Si nous avons un cœur, et dans ce cœur une fibre sensible, nous sommes perdus.

Et en disant ces mots, Balsamo regardait avec une tendresse inexprimable Lorenza palpitante sous ce regard.

— Est-ce vrai, lui dit-il, ce que je pense ?

— Non, non, ce n’est pas vrai, répliqua-t-elle ardemment. Tu vois bien que je t’aime trop, moi, pour te nuire comme toutes ces femmes sans raison et sans cœur.

Tout à coup un double tintement de la sonnette de Fritz résonna deux fois.

— Deux visites, dit Balsamo.

Un violent coup de sonnette acheva la phrase télégraphique de Fritz. Et, se dégageant des bras de Lorenza, il sortit de la chambre, laissant la jeune femme toujours endormie.

Balsamo rencontra le courrier sur son chemin : celui-ci attendait les ordres du maître.

— Voici la lettre, dit-il.

— Qu’en faut-il faire ?

— La remettre à son adresse.

— C’est tout ?