Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 3.djvu/33

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dans un espace de trente pieds carrés, ornaient le reste de l’appartement, qui, au reste, ne se composait que d’un cabinet de toilette et d’un boudoir attenant à la chambre.

Deux fenêtres masquées par d’épais rideaux donnaient le jour à cette chambre ; mais, comme il faisait nuit à cette heure, les rideaux n’avaient rien à cacher.

Le boudoir et le cabinet de toilette n’avaient aucune ouverture. Des lampes consumant une huile parfumée les éclairaient le jour comme la nuit, et, s’enlevant à travers le plafond, étaient entretenues par des mains invisibles.

Dans cette chambre, pas un bruit, pas un souffle ; on eût dit être à cent lieues du monde. Seulement, l’or y brillait de tous côtés, de belles peintures souriaient sur les murailles, et de longs cristaux de Bohême, aux facettes chatoyantes, s’illuminaient comme des yeux ardents, lorsque, après avoir déposé Lorenza sur un sofa, le comte, mal satisfait de la lumière tremblante du boudoir, fit jaillir le feu de cet étui d’argent qui avait tant préoccupé Gilbert, et alluma sur la cheminée deux candélabres chargés de bougies roses.

Alors il revint vers Lorenza, et mettant sur une pile de coussins un genou en terre devant elle.

— Lorenza ! dit-il.

La jeune femme, à cet appel, se souleva sur un coude, quoique ses yeux restassent fermés. Mais elle ne répondit point.

— Lorenza, répéta-t-il, dormez-vous de votre sommeil ordinaire ou du sommeil magnétique ?

— Je dors du sommeil magnétique, répondit Lorenza.

— Alors, si je vous interroge, vous pourrez répondre ?

— Je crois que oui.

— Bien.

Il se fit un instant de silence ; puis le comte de Fœnix continua :

— Regardez dans la chambre de Madame Louise que nous venons de quitter, il y a trois quarts d’heure à peu près.

— J’y regarde, répondit Lorenza.

— Et y voyez-vous ?