Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 3.djvu/95

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Chon partie, Jean se remit à table et avala une troisième tasse de chocolat.

Chon toucha d’abord à l’hôtel de famille, changea d’habit et s’étudia à prendre des airs bourgeois. Puis, lorsqu’elle fut contente d’elle, elle enveloppa d’un maigre mantelet de soie noire ses épaules aristocratiques, fit avancer une chaise à porteurs, et une demi-heure après, elle montait avec mademoiselle Sylvie un raide escalier conduisant à un quatrième étage.

C’était à ce quatrième étage qu’était situé ce bienheureux logement retenu par le vicomte.

Comme elle arrivait au palier du second étage, Chon se retourna ; quelqu’un la suivait.

C’était la vieille propriétaire, habitant le premier, qui avait entendu du bruit, qui était sortie et qui se trouvait fort intriguée de voir deux femmes si jeunes et si jolies entrer dans sa maison.

Elle leva sa tête renfrognée et aperçut deux têtes rieuses.

— Holà, mesdames, dit-elle, holà ! que venez-vous chercher ici ?

— Le logement que mon frère a dû louer pour nous, madame, dit Chon en prenant son air de veuve ; ne l’avez-vous pas vu, ou nous serions-nous trompées de maison ?

— Non, non, c’est bien au quatrième, dit la vieille propriétaire. Ah ! pauvre jeune femme, veuve à votre âge.

— Hélas ! dit Chon en levant les yeux au ciel.

— Mais vous serez très bien rue Plâtrière, c’est une rue charmante ; vous n’entendrez pas de bruit, votre appartement donne sur les jardins.

— C’est ce que j’ai désiré, madame.

— Cependant, par le corridor, vous pourrez voir dans la rue quand passeront les processions et quand joueront les chiens savants.

— Ah ! ça me sera une grande distraction, madame, soupira Chon.

Et elle continua de monter.