— Un vieux paillard…
— Sire, votre compagnon.
— Un homme immoral qui fait fuir toutes les femmes.
— Que voulez-vous ! c’est depuis qu’il ne court plus après elles.
— Ne me parlez jamais de Richelieu, c’est ma bête noire ; ce vainqueur de Mahon m’a mené dans tous les tripots de Paris… ; on nous chansonnait. Non pas, non pas ! Richelieu ! oh ! rien que le nom me met hors de moi.
— Vous les haïssez donc bien ?
— Qui ?
— Les Richelieu.
— Je les exècre.
— Tous ?
— Tous. Voilà-t-il pas un beau duc et pair que M. Fronsac ; il a dix fois mérité la roue.
— Je vous le livre ; mais il y a encore des Richelieu, de par le monde.
— Ah ! oui, d’Aiguillon.
— Eh bien ?
On juge si à ces mots l’oreille du neveu était droite dans le boudoir.
— Celui-là je devrais le haïr plus que les autres, car il me met sur les bras tout ce qu’il y a de braillards en France : mais c’est un faible dont je ne puis me guérir, il est hardi et ne me déplaît pas.
— C’est un homme d’esprit, s’écria la comtesse.
— Un homme courageux et âpre à défendre la prérogative royale. Voilà un vrai pair !
— Oui, oui, cent fois oui ! Faites-en quelque chose.
Alors le roi regarda la comtesse en se croisant les bras :
— Comment se peut-il, comtesse, que vous me proposiez une chose pareille au moment où toute la France me demande d’exiler et de dégrader le duc ?
Madame du Barry se croisa les bras à son tour.
— Tout à l’heure, dit-elle, vous appeliez Richelieu une