Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 4.djvu/225

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est une troisième personne qu’elle exècre encore plus que moi, encore plus que le baron.

— Qui donc ?

— Mademoiselle Andrée.

— Ah ! fit le roi, je trouve cela assez naturel.

— Alors…

— Oui, mais cela n’empêche point, duc, qu’il faut veiller à ce que madame du Barry ne fasse point quelque esclandre cette nuit.

— Tout au contraire, et cela prouve la nécessité de cette mesure.

— Voici le maître d’hôtel ; chut ! Donnez vos ordres à Rafté et venez me rejoindre dans la salle à manger avec qui vous savez.

Louis XV se leva et passa dans la salle à manger, tandis que Richelieu sortait par la porte opposée. Cinq minutes après, il rejoignait le roi accompagné du baron.

Le roi donna gracieusement le bonsoir à Taverney.

Le baron était homme d’esprit ; il répondit de cette façon particulière à certaines gens, et qui fait que les rois et les princes, vous reconnaissant pour être de leur monde, sont à l’instant même à l’aise avec vous.

On se mit à table et l’on soupa.

Louis XV était un mauvais roi, mais un homme charmant ; sa compagnie, lorsqu’il le voulait bien, était pleine d’attraits, pour les buveurs, les causeurs et les voluptueux.

Le roi, enfin, avait beaucoup étudié la vie sous ses côtés agréables.

Il mangea de bon appétit, commanda qu’on fît boire ses convives, et mit la conversation sur la musique.

Richelieu prit la balle au bond.

— Sire, dit Richelieu, si la musique met les hommes d’accord, comme dit notre maître de ballet et comme semble le penser Votre Majesté, en dira-t-elle autant des femmes ?

— Oh ! duc, dit le roi, ne parlons pas des femmes. Depuis la guerre de Troie jusqu’à nos jours, les femmes ont toujours