Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 4.djvu/230

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étaient autant de gouttes d’eau tombées de la fontaine de Jouvence.

Richelieu pensa que le moment était venu ; il poussa du genou le genou de Taverney.

— Sire, dit celui-ci, Votre Majesté veut-elle accepter mes remerciements pour le magnifique cadeau qu’elle a fait à ma fille ?

— Il n’y a pas à me remercier pour cela, baron, dit le roi ; mademoiselle de Taverney me plaît pour sa grâce honnête et décente. Je voudrais que mes filles eussent encore à faire leurs maisons ; certes, mademoiselle Andrée… c’est ainsi qu’elle s’appelle, n’est-ce pas ?

— Oui, sire, dit Taverney ravi que le roi sût le nom de baptême de sa fille.

— Joli nom. Certes, mademoiselle Andrée eût été la première sur la liste ; mais tout est envahi chez moi. En attendant, baron, tenez-vous-le pour dit, cette jeune fille aura toute ma protection ; elle n’est pas richement dotée, je crois ?

— Hélas ! non, sire.

— Eh bien, je m’occuperai de son mariage.

Taverney salua bien bas.

— Alors Votre Majesté sera donc assez bonne pour chercher le mari car j’avoue que, dans notre pauvreté, qui est presque de la misère…

— Oui, oui, tenez-vous en repos là-dessus, dit Louis XV ; mais elle est fort jeune, ce me semble, et cela ne presse point.

— Cela presse d’autant moins, sire, que ma fille a horreur du mariage.

— Voyez-vous cela ? dit Louis XV en se frottant les mains et en regardant Richelieu. Eh bien, en tout cas, faites état de moi, monsieur de Taverney, si vous êtes embarrassé.

Cela dit, Louis XV se leva ; puis s’adressant au duc :

— Maréchal ! dit-il.

Le duc s’approcha du roi.

— La petite a-t-elle été contente ?

— De quoi, sire ?

— De l’écrin.