Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 4.djvu/239

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Philippe l’embrassa une dernière fois.

— Au revoir, dit-il ; rappelez-vous votre promesse.

— Laquelle ?

— Une lettre au moins par semaine.

— Oh ! vous le demandez !

Et elle prononça ces mots avec un suprême effort : la pauvre enfant n’avait plus de voix.

Philippe la salua encore du geste et s’éloigna.

Andrée le suivit des yeux, retenant son haleine pour retenir ses soupirs.

Philippe monta à cheval, lui cria encore une fois adieu de l’autre côté de la grille, et partit.

Andrée demeura debout et immobile tant qu’elle put le voir.

Puis, lorsqu’il eut disparu, elle se détourna et courut, comme une biche blessée, jusqu’aux ombrages, aperçut un banc et n’eut que la force de le joindre et de tomber dessus sans pouls, sans force, sans regard.

Puis, tirant du plus profond de sa poitrine un long et déchirant sanglot :

— Oh ! mon Dieu ! mon Dieu ! s’écria-t-elle, pourquoi me laissez-vous seule ainsi sur la terre ?

Et elle ensevelit son visage dans ses mains, laissant échapper entre ses doigts blancs les grosses larmes qu’elle ne cherchait plus à retenir.

En ce moment un léger bruit retentit derrière la charmille ; Andrée crut avoir entendu un soupir. Elle se retourna effrayée : une figure triste se dressa devant elle.

C’était Gilbert.