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sonore, répété par deux autres voix étagées sur le palier d’abord, puis sur l’escalier même.

— Le roi !

À ce mot magique, madame de Noailles se leva comme si un ressort d’acier l’eût fait saillir de son gradin ; Richelieu se souleva lentement avec habitude, le dauphin essuya précipitamment sa bouche avec sa serviette et se tint debout devant sa place, le visage tourné vers la porte.

Quant à madame la dauphine, elle se dirigea vers l’escalier, pour rencontrer le roi plus vite, et lui faire les honneurs de sa maison.


XCII

LES CHEVEUX DE LA REINE.


Le roi tenait encore mademoiselle de Taverney par la main en arrivant sur le palier, et, en arrivant à cette place seulement, il la salua si courtoisement, si longuement, que Richelieu eut le temps de voir le salut, d’en admirer la grâce, et de se demander à quelle heureuse mortelle il avait été adressé.

Son ignorance ne dura pas longtemps. Louis XV prit le bras de la dauphine, qui avait tout vu et qui avait déjà parfaitement reconnu Andrée.

— Ma fille, lui dit-il, je viens sans façon vous demander à souper. J’ai traversé tout le parc, et, en chemin, rencontrant mademoiselle de Taverney, je l’ai priée de me faire compagnie.

— Mademoiselle de Taverney ! murmura Richelieu, presque étourdi de ce coup imprévu. Par ma foi ! j’ai trop de bonheur !

— En sorte que non seulement je ne gronderai pas mademoiselle, qui était en retard, répondit gracieusement la dauphine, mais que je la remercierai de nous avoir amené Votre Majesté.