— Enfin, maréchal, c’est moi qui vous le dis, c’est un vilain homme, et qui a joué un vilain rôle.
— Oh ! si c’est Votre Majesté qui me le dit…
— Oui, monsieur, c’est moi !
— Eh bien, répondit Richelieu, Votre Majesté me met tout à fait à mon aise en me parlant de la sorte. Non, je l’avoue, Taverney n’est pas une fleur de délicatesse, et je m’en suis bien aperçu ; mais, enfin, sire, tant que Votre Majesté n’a pas daigné me faire connaître son opinion…
— La voici, monsieur : je le déteste.
— Ah ! l’arrêt est prononcé, sire ; heureusement pour cet infortuné, continua Richelieu, qu’une intercession puissante plaide pour lui près de Votre Majesté.
— Que voulez-vous dire ?
— Si le père a eu le malheur de déplaire au roi…
— Et très fort.
— Je ne dis pas non, sire.
— Que dites-vous alors ?
— Je dis que certain ange aux yeux bleus et aux cheveux blonds…
— Je ne vous comprends pas, duc.
— Cela se conçoit, sire.
— Cependant je désirerais vous comprendre, je l’avoue.
— Un profane tel que moi, sire, tremble à l’idée de lever un coin du voile sous lequel s’abritent tant de mystères amoureux et charmants ; mais, je le répète, combien Taverney ne doit-il pas d’actions de grâces à celle qui adoucit en sa faveur l’indignation royale ! Oh ! oui ! mademoiselle Andrée doit être un ange.
— Mademoiselle Andrée est un petit monstre au physique, comme son père l’est au moral ! s’écria le roi.
— Bah ! fit Richelieu au comble de la stupeur, nous nous trompions tous, et cette belle apparence…
— Ne me parlez jamais de cette fille, duc, le frisson me gagne rien que d’y penser.
Richelieu joignit hypocritement les deux mains.
— Ô mon Dieu ! dit-il, les dehors devenus… Si Votre Majesté, le