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Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 5.djvu/110

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tout à fait remise ; j’irai bien chez moi seule, puisque Votre Altesse veut bien me donner la permission de me retirer.

— Oui, oui, et soyez tranquille, reprit la dauphine, on ne vous grondera plus, puisque vous êtes si sensible, petite rusée.

Andrée, touchée de cette bonté, qui ressemblait à une amitié de sœur, baisa la main de sa protectrice et sortit de l’appartement, tandis que la dauphine la suivait des yeux avec inquiétude.

Lorsqu’elle fut au bas des degrés, la dauphine lui cria de la fenêtre :

— Ne rentrez pas tout de suite, mademoiselle ; promenez-vous un peu dans les parterres, ce soleil vous fera du bien.

— Oh ! mon Dieu, madame, que de grâces ! murmura Andrée.

— Et puis, faites-moi le plaisir de me renvoyer l’abbé, qui fait là-bas son cours de botanique dans un carré de tulipes de Hollande.

Andrée, pour aller rejoindre l’abbé, fut contrainte de faire un détour ; elle traversa le parterre.

Elle allait tête baissée, un peu lourde encore du poids des étourdissements étranges qui la faisaient souffrir depuis le matin ; elle ne donnait aucune attention aux oiseaux qui se poursuivaient effarouchés sur les haies et les charmilles en fleurs, ni aux abeilles bourdonnant sur le thym et le lilas.

Elle ne remarquait pas même, à vingt pas d’elle, deux hommes qui causaient ensemble, et dont l’un la suivait d’un regard troublé et inquiet.

C’étaient Gilbert et M. de Jussieu.

Le premier, appuyé sur sa bêche, écoutait le savant professeur qui lui expliquait la manière d’arroser les plantes légères, de façon à ce que l’eau passât seulement par les terres sans y séjourner.

Gilbert semblait écouter la démonstration avec avidité, et M. de Jussieu ne trouvait rien que de naturel dans cette ardeur pour la science, car la démonstration était de celles qui soulèvent les applaudissements sur les bancs des écoliers,