Le docteur reporta ses yeux sur Andrée, et l’examina une fois encore en silence.
— Madame, dit-il, la maladie de mademoiselle est des plus naturelles.
— Et dangereuse ?
— Non, pas ordinairement, répondit le docteur en souriant.
— Ah ! fort bien, dit la princesse en respirant plus librement ; ne la tourmentez pas trop.
— Oh ! je ne la tourmenterai pas du tout, madame.
— Comment ! vous n’ordonnez aucune prescription ?
— Il n’y a absolument rien à faire à la maladie de mademoiselle.
— Vrai ?
— Non, madame.
— Rien ?
— Rien.
Et le docteur, comme pour éviter une plus longue explication, prit congé de la princesse sous prétexte que ses malades le réclamaient.
— Docteur, docteur, dit la dauphine, si ce que vous dites n’est pas seulement pour me rassurer, je suis bien plus malade alors que mademoiselle de Taverney ; apportez-moi donc sans faute, à votre visite de ce soir, les dragées que vous m’avez promises pour me faire dormir.
— Madame, je les préparerai moi-même en rentrant chez moi.
Et il partit.
La dauphine resta près de sa lectrice.
— Rassurez-vous donc, ma chère Andrée, dit-elle avec un bienveillant sourire ; votre maladie n’offre rien de bien inquiétant, car le docteur Louis s’en va sans vous rien prescrire.
— Tant mieux, madame, répliqua Andrée ; car alors rien n’interrompra mon service auprès de Votre Altesse royale, et c’est cette interruption que je craignais au-dessus de toute chose ; cependant, n’en déplaise au savant docteur, je souffre bien, madame, je vous jure.
— Ce ne doit cependant pas être une grande souffrance