Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 5.djvu/137

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— Oui, oui, moi, répondit Philippe en l’embrassant et en la soutenant, car il la sentait fléchir entre ses bras, moi qui reviens et qui vous trouve malade ! Ah ! pauvre sœur, qu’as-tu donc ?

Andrée se mit à rire d’un rire nerveux qui fit mal à Philippe, bien loin de le rassurer, comme la malade l’aurait voulu.

— Ce que j’ai, demandez-vous ? ai-je donc l’air malade, Philippe ?

— Oh ! oui, Andrée, vous êtes toute pâle et toute tremblante.

— Mais où donc avez-vous vu cela, mon frère ? Je ne suis pas même indisposée ; qui donc vous a si mal renseigné, mon Dieu ? Qui donc a eu la sottise de vous alarmer ? Mais, en vérité, je ne sais ce que vous voulez dire, et je me porte à merveille, sauf quelques légers éblouissements qui passeront comme ils sont venus.

— Oh ! mais vous êtes si pâle, Andrée…

— Ai-je donc ordinairement beaucoup de couleur ?

— Non ; mais vous vivez au moins, tandis qu’aujourd’hui…

— Ce n’est rien.

— Tenez, tenez, vos mains, qui étaient brûlantes tout à l’heure, sont froides maintenant comme la glace.

— C’est tout simple, Philippe, quand je vous ai vu entrer…

— Eh bien ?…

— J’ai éprouvé une vive sensation de joie, et le sang s’est porté au cœur, voilà tout.

— Mais vous chancelez, Andrée, vous vous retenez après moi.

— Non, je vous embrasse, voilà tout ; ne voulez-vous point que je vous embrasse, Philippe ?

— Oh ! chère Andrée !

Et il serra la jeune fille sur son cœur.

Au même instant, Andrée sentit ses forces l’abandonner de nouveau ; vainement elle essaya de se retenir au cou de son frère, sa main glissa raide et presque morte, et elle retomba sur le sofa, plus blanche que les rideaux de mousseline sur lesquels se profilait sa charmante figure.