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Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 5.djvu/156

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examen plus décisif, de ce que la première épreuve lui avait fourni de probabilités.

Il entra donc, et son premier coup d’œil, cette prise de possession du médecin et de l’observateur, s’attacha dès l’antichambre sur Andrée, qu’il ne quitta plus.

Justement, soit émotion causée par la vue du docteur, soit accident naturel, Andrée venait d’être saisie d’une de ces attaques qui avaient effrayé Philippe, et elle chancelait, portant avec douleur son mouchoir à ses lèvres.

Philippe, tout occupé de recevoir le docteur, n’avait rien vu.

— Docteur, dit-il, soyez le bienvenu, et pardonnez-moi ma façon un peu brusque ; quand je vous ai abordé, il y a une heure, j’étais aussi agité que je suis calme en ce moment.

Le docteur cessa pour un instant de regarder Andrée, et laissa tomber son observation sur le jeune homme, dont il analysa le sourire et l’épanouissement.

— Vous avez causé avec mademoiselle votre sœur, comme je vous en avais donné le conseil ? demanda-t-il.

— Oui, docteur, oui.

— Et vous êtes rassuré ?

— J’ai le ciel de plus et l’enfer de moins dans le cœur.

Le docteur prit la main d’Andrée et tâta longuement le pouls de la jeune fille.

Philippe le regardait et semblait dire :

— Oh ! faites, docteur, je ne crains plus maintenant les commentaires du médecin.

— Eh bien, monsieur ? fit-il d’un air de triomphe.

— Monsieur le chevalier, répondit le docteur Louis, veuillez me laisser seul avec votre sœur.

Ces mots, prononcés simplement, abattirent l’orgueil du jeune homme.

— Quoi ! encore ? dit-il.

Le docteur fit un geste.

— C’est bien, je vous laisse, monsieur, répliqua Philippe d’un air sombre.

Puis à sa sœur :