— Comment puis-je la forcer ?
— Veuillez qu’elle parle, voilà tout.
Philippe regarda sa sœur en formulant une volonté intérieure.
Andrée rougit.
— Oh ! dit la jeune fille, comme c’est mal à toi, Philippe, de croire qu’Andrée t’a trompé.
— Tu n’aimes donc personne ? demanda Philippe.
— Personne.
— Alors ce n’est pas un complice, c’est un coupable qu’il me faut punir ?
— Je ne vous comprends pas, mon frère.
Philippe regarda le comte comme pour lui demander avis.
— Pressez-la, dit Balsamo.
— Que je la presse ?
— Oui, interrogez, franchement.
— Sans respect pour la pudeur de cette enfant ?
— Oh ! soyez tranquille, à son réveil elle ne se souviendra de rien.
— Mais pourra-t-elle répondre à mes questions ?
— Voyez-vous bien ? demanda Balsamo à Andrée.
Andrée tressaillit au son de cette voix ; elle tourna son regard sans rayon du côté de Balsamo.
— Moins bien, dit-elle, que si c’était vous qui m’interrogeassiez ; mais cependant j’y vois.
— Eh bien, demanda Philippe, si tu y vois, ma sœur, raconte-moi en détail cette nuit de ton évanouissement.
— Ne commencez-vous point par la nuit du 31 mai, monsieur ? Vos soupçons remontaient à cette nuit, ce me semble ? Le moment est venu de tout éclaircir à la fois.
— Non, monsieur, répondit Philippe, c’est inutile, et, depuis un instant, je crois à votre parole. Celui qui dispose d’un pouvoir tel que le vôtre n’en use pas pour arriver à un but vulgaire. Ma sœur, répéta Philippe, racontez-moi tout ce qui s’est passé dans cette nuit de votre évanouissement.
— Je ne me rappelle pas, dit Andrée.
— Vous entendez, monsieur le comte ?