Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 5.djvu/24

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— Et je lui rendrai ce coffret ?

— Oui, cher monsieur de Sartine, vous le lui rendrez.

Le lieutenant de police n’avait pas achevé un geste de suprême dédain, lorsqu’un valet empressé ouvrit la porte et annonça que madame la comtesse du Barry demandait une audience à monseigneur.

M. de Sartine tressaillit et regarda, stupéfait, Balsamo, qui usait de toute sa puissance sur lui-même pour ne pas rire au nez de l’honorable magistrat.

En ce moment, derrière le valet, une femme qui ne croyait pas avoir besoin de permission entra, rapide et toute parfumée ; c’était la belle comtesse dont les jupes ondoyantes frôlèrent avec un doux bruit la porte du cabinet.

— Vous, madame, vous ! murmura M. de Sartine, qui, par un reste de terreur, avait saisi dans ses mains et serrait sur sa poitrine le coffret encore ouvert.

— Bonjour, Sartine, dit la comtesse avec son gai sourire.

Puis, se tournant vers Balsamo :

— Bonjour, cher comte, ajouta-t-elle.

Et elle tendit sa main à ce dernier, qui s’inclina familièrement sur cette main blanche et posa ses lèvres où s’étaient tant de fois posées les lèvres royales.

Dans ce mouvement, Balsamo avait eu le temps de proférer tout bas trois ou quatre paroles que n’avait pu entendre M. de Sartines.

— Ah ! justement, s’écria la comtesse, voilà mon coffret.

— Votre coffret ! balbutia M. de Sartines.

— Sans doute, mon coffret. Tiens, vous l’avez ouvert, vous ne vous gênez pas !

— Mais, madame…


— Oh ! c’est charmant, j’en avais eu l’idée… On m’avait volé ce coffret, alors je me suis dit : il faut que j’aille chez Sartine, il me le retrouvera. Vous l’avez retrouvé auparavant, merci.

— Et, comme vous voyez, dit Balsamo, monsieur l’a même ouvert.