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Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 5.djvu/258

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reux ; c’est à la serrure qu’ils s’en prennent, et ils ne me soupçonnent pas même d’avoir eu la force d’escalader !… Pauvre idée qu’ils ont de toi, Gilbert. Tant mieux ! Oui, fière Andrée, ajouta-t-il, malgré les serrures de ta porte, si je voulais pénétrer chez toi, je le pourrais… Mais j’ai enfin le bonheur à mon tour ; je te dédaigne… et, à moins que la fantaisie…

Il pirouetta sur ses talons, en singeant les roués de la cour.

— Mais non, reprit-il amèrement, c’est plus digne de moi ; je ne veux plus de vous !… Dormez tranquille ; j’ai mieux que votre possession pour vous torturer à mon aise ; dormez !

Il quitta la lucarne, et, après avoir donné un coup d’œil à ses habits, il descendit l’escalier pour se rendre chez Balsamo.


CLV

AU 15 DÉCEMBRE.


Gilbert n’éprouva, de la part de Fritz, aucune difficulté pour être introduit près de Balsamo.

Le comte se reposait sur un sofa, comme un homme riche et oisif, de la fatigue d’avoir dormi toute la nuit ; du moins c’est ce que pensa Gilbert en le voyant ainsi étendu à une pareille heure.

Il faut croire que l’ordre avait été donné au valet de chambre d’introduire Gilbert aussitôt qu’il se présenterait, car il n’eut pas besoin de dire son nom ou même d’ouvrir la bouche.

À son entrée dans le salon, Balsamo se souleva légèrement sur son coude et referma son livre, qu’il tenait ouvert sans le lire.