— Je m’intéresse encore, sans doute, monsieur… Cependant, il me semble que mademoiselle de Taverney a quitté mon service bien prématurément.
— La nécessité, madame, dit tout bas Philippe.
— Quoi ! ce mot est affreux : la nécessité !… Expliquez-moi ce mot, monsieur.
Philippe ne répondit pas.
— Le docteur Louis, continua la dauphine, m’a raconté que l’air de Versailles était funeste à la santé de mademoiselle de Taverney : que cette santé se rétablirait dans le séjour de la maison paternelle… Voilà tout ce qu’on m’a dit ; or, votre sœur m’a rendu une seule visite avant son départ. Elle était pâle, elle était triste ; je dois dire qu’elle me témoigna beaucoup de dévouement dans cette dernière entrevue, car elle pleura des larmes abondantes !
— Des larmes sincères, madame, dit Philippe, dont le cœur battait violemment, des larmes qui ne sont pas taries.
— J’ai cru voir, poursuivit la princesse, que monsieur votre père avait forcé sa fille à venir à la cour, et que sans doute cette enfant regrettait votre pays, quelque affection…
— Madame, se hâta de dire Philippe, ma sœur ne regrette que Votre Altesse.
— Et elle souffre… Maladie étrange, que l’air du pays devait guérir, et que l’air du pays aggrave.
— Je n’abuserai pas Votre Altesse plus longtemps, dit Philippe ; la maladie de ma sœur est un profond chagrin qui l’a conduite à un état voisin du désespoir. Mademoiselle de Taverney n’aime cependant au monde que Votre Altesse et moi, mais elle commence à préférer Dieu à toutes les affections, et l’audience que j’ai eu l’honneur de solliciter, madame, a pour but de vous demander votre protection relativement à ce désir de ma sœur.
La dauphine leva la tête.
— Elle veut entrer en religion, n’est-ce pas ?
— Oui, madame.
— Et vous souffrirez cela, vous qui aimez cette enfant ?
— Je crois juger sainement sa position, madame, et ce conseil