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Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 5.djvu/290

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lit qui avait été le lit de Nicole, il posa à tâtons ses doigts glacés sur le visage du pauvre enfant, à qui la douleur arracha les cris entendus par Andrée.

Puis, roulant le nouveau-né dans une couverture de laine, il l’emporta, laissant la porte entre-bâillée, pour ne pas redoubler le bruit si dangereux.

Une minute après, il avait gagné la rue par le jardin ; il courait à la rencontre de son cabriolet, en chassait le postillon qui s’était endormi sous la capote, et, fermant le rideau de cuir, tandis que l’homme remontait à cheval :

— Un demi-louis pour toi, dit-il, si dans un quart d’heure nous avons franchi la barrière.

Les chevaux, ferrés à glace, partirent au galop.


CLX

LA FAMILLE PITOU.


Pendant la route, tout effrayait Gilbert. Le bruit des voitures qui suivaient ou dépassaient la sienne, les plaintes du vent dans les arbres desséchés, lui semblaient être une poursuite organisée, ou des cris poussés par ceux à qui l’enfant avait été pris.

Cependant, rien ne menaçait. Le postillon fit bravement son devoir, et les deux chevaux arrivèrent fumants à Dammartin à l’heure que Gilbert avait fixée, c’est-à-dire avant les premières clartés du jour.

Gilbert donna son demi-louis, changea de chevaux et de postillon, et la course recommença.

Pendant toute la première partie de la route, l’enfant, soigneusement abrité par la couverture et garanti par Gilbert lui-même, n’avait pas senti les atteintes du froid et n’avait point poussé un seul cri. Sitôt que le jour parut, apercevant