Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 5.djvu/53

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— Oui, oui.

— Et que pouvais-tu craindre ? L’amour, qui complète l’existence physique, agrandit aussi l’existence morale. L’amour, comme toute passion généreuse, rapproche de Dieu, et de Dieu vient toute lumière.

— Lorcnza, Lorenza, tu me rendras fou de joie.

Et Balsamo laissa tomber sa tête sur les genoux de la jeune femme. Balsamo attendait une nouvelle preuve pour être complétement heureux. Cette preuve, c’était l’arrivée de madame du Barry. Ces deux heures d’attente furent courtes ; la mesure du temps avait complétement disparu pour Balsamo.

Tout à coup la jeune femme tressaillit, elle tenait la main de Balsamo.

— Tu doutes encore, dit-elle, et tu voudrais savoir où elle est à ce moment ?

— Oui, dit Balsamo, c’est vrai.

— Eh bien, elle suit le boulevard à grande course de chevaux, elle s’approche, elle entre dans la rue Saint-Claude, elle s’arrête devant la porte, elle frappe.

La chambre où tous deux étaient renfermés était si retirée, si sourde, que le bruit du marteau de cuivre n’arriva point jusqu’à la porte.

Mais Balsamo, dressé sur un genou, ne demeura pas moins écoutant.

Deux coups frappés par Fritz le firent bondir ; deux coups, on se le rappelle, étaient le signal d’une visite importante.

— Oh ! dit-il, c’est donc vrai.

— Va t’en assurer, Balsamo ; mais reviens vite.

Balsamo s’élança vers la cheminée.

— Laisse-moi te reconduire, dit Lorenza, jusqu’à la porte de l’escalier.

— Viens.

Tous deux repassèrent dans la chambre aux fourrures.

— Tu ne quitteras pas cette chambre ? demanda Balsamo.

— Non, puisque je t’attends. Oh ! sois tranquille, cette Lorenza