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Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 5.djvu/60

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lui seulement, le roi fut pris d’une fièvre violente et de tressaillements nerveux qui ne se passèrent que le lendemain, lorsque madame la dauphine eut l’idée de faire ouvrir chez le roi, et de montrer à Sa Majesté un beau soleil éclairant des figures riantes. Alors toutes ces visions inconnues disparurent avec la nuit qui les avait enfantées. À midi, le roi allait mieux, prenait un bouillon et mangeait une aile de perdrix, et le soir…

— Et le soir ? répéta Balsamo.

— Eh bien, le soir, répéta madame Dubarry, Sa Majesté, qui sans doute ne voulait pas rester à Trianon après sa terreur de la veille, le soir, Sa Majesté venait me trouver à Luciennes, où, cher comte, je m’aperçus, ma foi, que M. de Richelieu était presque aussi grand sorcier que vous.

La figure triomphante de la comtesse, son geste plein de grâce et de coquinerie achevèrent sa pensée et rassurèrent complétement Balsamo à l’endroit de la puissance qu’exerçait encore la favorite sur le roi.

— Alors, dit-il, vous êtes contente de moi, madame ?

— Enthousiasmée, je vous jure, comte ; car vous m’avez, en me parlant des impossibilités que vous aviez créées, dit l’exacte vérité.

Et elle lui tendit, en preuve de remerciement, cette main si blanche, si douce, si parfumée, qui n’était pas fraîche comme celle de Lorenza, mais dont la tiédeur avait aussi son éloquence.

— Et, maintenant, à vous, comte, dit-elle.

Balsamo s’inclina en homme prêt à écouter.

— Si vous m’avez préservée d’un grand danger, continua madame Dubarry, je crois vous avoir sauvé à mon tour d’un péril qui n’était pas mince.

— Moi, dit Balsamo cachant son émotion, je n’ai point besoin de cela pour vous être reconnaissant ; mais cependant veuillez me dire…

— Oui, le coffret en question.

— Eh bien, madame ?

— Il contenait bien des chiffres, que M. de Sartines a fait