Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 5.djvu/72

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Lorenza étendue sur cette table, la tête livide et cependant souriante encore, et pendant en arrière comme entraînée par le poids de ses longs cheveux.

Une large blessure s’ouvrait béante au-dessus de la clavicule et ne laissait plus échapper une seule goutte de sang.

Les mains étaient roidies et les yeux fermés sous leur paupière violette.

— Oui, du sang, du sang de vierge, les trois dernières gouttes du sang artériel d’une vierge ; voilà ce qu’il me fallait, dit le vieillard en recourant pour la troisième fois à sa fiole.

— Misérable ! s’écria Balsamo, dont le cri de désespoir s’exhala enfin par chacun de ses pores, meurs donc, car, depuis quatre jours, elle était ma femme ! tu l’as assassinée pour rien… Elle n’était pas vierge !…

Les yeux d’Althotas tremblèrent à ces paroles, comme si une secousse électrique les eût fait rebondir dans leur orbite ; ses prunelles se dilatèrent effroyablement ; ses gencives grincèrent, à défaut de dents ; sa main laissa échapper la fiole, qui tomba sur le parquet et se brisa en mille morceaux, tandis que lui, tout stupéfait, anéanti, frappé à la fois au cœur et au cerveau, il se renversait lourdement sur son fauteuil.

Quant à Balsamo, il se pencha avec un sanglot sur le corps de Lorenza, et s’évanouit en baisant ses cheveux sanglants.