Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 5.djvu/82

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partout où nos ennemis ont une maison, un pouvoir quelconque. Tu as à ta disposition toutes tes ressources naturelles qui sont immenses, celles que l’association te donne pour faire triompher sa cause. Longtemps nous avons flotté dans le doute, en voyant venir chez toi des ennemis tels qu’un Richelieu, une du Barry, un Rohan. Nous avons respecté pendant un temps les mystères de ta conduite, espérant un heureux résultat ; mais enfin la désillusion est arrivée.

Balsamo conserva son immobilité, son impassibilité, de sorte que le président se laissa gagner par l’impatience.

— Il y a trois jours, dit-il, cinq lettres de cachet furent expédiées. Elles avaient été demandées au roi par M. de Sartine ; remplies aussitôt qu’elles furent signées, elles furent présentées, le même jour, à cinq de nos principaux agents, frères très fidèles, très dévoués qui habitent à Paris. Tous cinq furent arrêtés et conduits, deux à la Bastille, où ils sont écroués au plus profond secret ; deux à Vincennes, dans l’oubliette ; un à Bicêtre dans le plus mortel des cabanons. Connais-tu cette particularité ?

— Non, dit Balsamo.

— Cela est étrange d’après les relations que nous te connaissons avec les puissants du royaume. Mais ce qui est plus étrange encore, le voici :

Balsamo écouta.

— M. de Sartine, pour faire arrêter ces cinq fidèles amis, devait avoir eu sous les yeux la seule note qui renferme lisiblement les cinq noms des victimes. Cette note t’a été adressée par le conseil suprême en 1769, et c’est toi-même qui as dû recevoir les nouveaux membres et leur donner immédiatement le rang que le conseil suprême leur assignait.

Balsamo témoigna par un geste qu’il ne se rappelait rien.

— Je vais aider ta mémoire. Les cinq personnes dont il