Page:Dumas - La Dernière Année de Marie Dorval, 1855.djvu/50

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allée donner, avec Luguet, des représentations à Saint-Omer.

On jouait Agnès de Méranie.

Pour figurer une salle gothique on avait suspendu des trophées au plafond.

Ces trophées étaient nature.

Au moment où Dorval entrait en scène, une lance se détacha d’un trophée et lui tomba verticalement sur le front.

Le fer de la lance déchira les chairs et lui fit une blessure grave, qui commençant au haut de la tête se prolongeait entre les deux yeux.

Le sang jaillit aussitôt.

Dorval porta les deux mains à son visage.

Entre ses doigts et sous ses mains, le public vit couler le sang.

Le spectacle fut interrompu, Luguet l’entraîna hors de la scène, et pendant que le médecin appelé rapprochait les chairs, pour que la représentation pût continuer :

— Mon ami, dit-elle, il faut dire adieu au théâtre; les directeurs me le disent par leur abandon, et voici un présage plus sérieux encore.