Page:Dumas - La Femme au collier de velours, 1861.djvu/12

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quel je donne l’hospitalité à un de vos amis et à un de vos admirateurs, à Boulanger et à mon fils, sans compter Giraud, Maquet, Chancel et Desbarolles, qui se rangent au nombre de vos connaissances ; tant il y a, disais-je, que je me suis endormi sans songer à rien, et comme je suis presque dans le pays des Mille et une Nuits, un génie m’a visité et m’a fait entrer dans un rêve dont vous avez été la reine. Le lieu où il m’a conduit, ou plutôt ramené, madame, était bien mieux qu’un palais, était bien mieux qu’un royaume ; c’était cette bonne et excellente maison de l’Arsenal au temps de sa joie et de son bonheur, quand notre bien-aimé Charles en faisait les honneurs avec toute la franchise de l’hospitalité antique, et notre bien respectée Marie avec toute la grâce de l’hospitalité moderne.

» Ah ! croyez bien, madame, qu’en écrivant ces lignes, je viens de laisser échapper un bon gros soupir. Ce temps a été un heureux temps pour moi. Votre esprit charmant en donnait à tout le monde, et quelquefois, j’ose le dire, à moi plus qu’à tout autre. Vous voyez que c’est un sentiment égoïste qui me rapproche de vous. J’empruntais quelque chose à votre adorable gaîté, comme le caillou du poète Saadi empruntait une part du parfum de la rose.

» Vous rappelez-vous le costume d’archer de Paul ? vous rappelez-vous les souliers jaunes de Francisque Michel ? vous rappelez-vous mon fils en débardeur ? vous rappelez vous cet enfoncement où était le piano et où vous chantiez Lazzara, cette merveilleuse mélodie que Vous m’avez promise et que, soit dit sans reproches, vous ne m’avez jamais donnée ?

» Oh ! puisque je fais appel à vos souvenirs, allons plus