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XII

L’ESTAMINET


Hoffmann ne sortit de cette léthargie qu’en sentant une main se poser sur son épaule.

Il leva la tête. Tout était noir et éteint autour de lui : le théâtre, sans lumière, lui apparaissait comme le cadavre du théâtre qu’il avait vu vivant. Le soldat de garde s’y promenait seul et silencieux comme le gardien de la mort ; plus de lustres, plus d’orchestre, plus de rayons, plus de bruit.

Une voix seulement qui marmottait à son oreille :

— Mais, citoyen, mais, citoyen, que faites-vous donc ? vous êtes à l’Opéra, citoyen ; on dort ici, c’est vrai, mais on n’y couche pas.

Hoffmann regarda enfin du côté d’où venait la voix, et il vit une petite vieille qui le tirait par le collet de sa redingote.

C’était l’ouvreuse de l’orchestre, qui, ne connaissant pas les intentions de ce spectateur obstiné, ne voulait pas se retirer sans l’avoir vu sortir devant elle.

Au reste, une fois tiré de son sommeil, Hoffmann ne fit aucune résistance ; il poussa un soupir et se leva en murmurant le mot :