Page:Dumas - La Femme au collier de velours, 1861.djvu/72

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— Comment ! tu ne pars plus ?

— Non, pas dans ce moment-ci du moins.

— Mais pourquoi ? pour quelle raison ? qui t’empêche de partir ? qui te retient à Mannheim ?

Hoffmann entraîna vivement son ami vers la fenêtre. On commençait à sortir de l’église, la messe était finie.

— Tiens, regarde, regarde, dit-il en désignant du doigt quelqu’un à l’attention de Werner.

Et, en effet, la jeune fille inconnue apparaissait au haut du portail, descendant lentement les degrés de l’église, son livre de messe posé contre sa poitrine, sa tête baissée, modeste et pensive comme la Marguerite de Gœthe.

— Vois-tu, murmurait Hoffmann, vois-tu ?

— Certainement que je vois.

— Eh bien ! que dis-tu ?

— Je dis qu’il n’y a pas de femme au monde qui vaille qu’on lui sacrifie le voyage de Paris, fût-ce la belle Antonia, fût-ce la fille du vieux Gottlieb Murr, le nouveau chef d’orchestre du théâtre de Mannheim.

— Tu la connais donc ?

— Certainement.

— Tu connais donc son père ?

— Il était chef d’orchestre au théâtre de Francfort.

— Et tu peux me donner une lettre pour lui ?

— À merveille.

— Mets-toi là, Zacharias, et écris.

Zacharias se mit à la table et écrivit.

Au moment de partir pour la France, il recommandait son jeune ami Théodore Hoffmann à son vieil ami Gottlieb Murr.