Page:Dumas - La Princesse Flora (1871).djvu/150

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qu’échangent sur le seuil deux amis qui se revoient. Hier, aujourd’hui, demain n’existent point pour les amants ; le temps se transforme pour eux en une rêverie magique, dans laquelle un fil aérien et fantastique s’enroule d’un nœud indissoluble au fil de leur existence, et où le cœur, en chacun de ses battements, compte ses jouissances ; mais, que dis-je ! non, les jouissances ne se comptent point ; la misère et le chagrin ont seuls inventé le calcul.

Pravdine aimait pour la première fois ; l’amour de Pravdine était novice. L’amour virginal n’est-il pas timide jusqu’à la simplicité, respectueux jusqu’à l’adoration ? Mais l’amoureux ne reste pas longtemps à parcourir tous les degrés qui mènent à la passion. Enfant par les discours, les fantaisies, les curiosités, ses désirs grandissent, non par année, mais par heure, jusqu’à la virilité, puisant leur force dans la réciprocité.

Pauvre chercheur ! il rêve aux moyens de gagner une parole affable, un regard affectueux, une insignifiante caresse.

— Cela me rendrait si heureux ! se dit-il en regardant