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Page:Dumas - La Princesse Flora (1871).djvu/52

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la princesse flora

avec la tempête, ni avec la situation. Les vagues, rudes et fréquentes, venaient, les unes après les autres, se briser violemment contre la proue de la frégate, et la frégate, heurtée par elles, frissonnait comme un malade atteint de la fièvre. La force du vent était telle, qu’il ne permettait pas aux flots de s’élever, mais les chassait les uns sur les autres, les enfonçait dans la mer, les déchirait et en éparpillait les lambeaux. Le ciel était noir, et, quand les éclairs faisaient momentanément disparaître les ténèbres, on voyait les nuages s’abaissant sans cesse en masse compacte, comme si, sous cette masse, ils voulaient écraser la mer. Chaque apparition d’éclair ouvrait, dans le ciel, un cratère de feu. Il semblait que des serpents de flamme couraient sur le sommet écumeux des vagues. Puis les ténèbres devenaient encore plus profondes, et l’ouragan soufflait plus furieux dans les mâts dépouillés de leurs voiles, tordant les cordages et sifflant à travers les poulies.

— Marche aux bras de vergue, à la balancine ! cours vite, et tire ferme les vergues le long du vaisseau ! cria Nil.