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la princesse flora

— qu’on appelle à la cour, je ne sais pourquoi, robe russe, – avec un dessous de satin blanc, garni de piqués d’or ; cette robe, ma chère Sophie, était si bien coupée, si bien brodée, qu’avant de la vêtir, j’eus envie de me mettre à genoux devant ; j’étais coiffée avec des marabouts, présent de mon mari, et je te dirai, sans vanité aucune, que cette coiffure m’allait à merveille ; et, quand même je ne m’en fusse pas rapportée à mon miroir, le murmure des hommes sur mon passage eût pu convaincre l’apôtre Thomas lui-même que ta cousine était très‑gentille.

Mais tu attends probablement, chère Sophie, la description du bal masqué à Peterhoff. Mon Dieu ! comment vais-je donc faire pour mettre de l’ordre dans mes souvenirs ? Tous les objets roulent dans ma tête comme un tourbillon de lucioles. Les plaques de diamants des princes et des généraux faisaient pâlir les étoiles du ciel. Les poissons familiers de l’étang de Marly suivaient dans l’eau les bavards officiers de la garde se répandant par les allées, lesquels eussent dû prendre de leur mutisme une leçon de modestie. J’ai vu un chambellan myope prêt à