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Page:Dumas - La Reine Margot (1886), tome 2.djvu/113

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— Donnez-lui votre main à baiser, Madame, dit Henri ; monsieur de La Mole n’est pas un serviteur ordinaire.

Marguerite obéit.

— À propos, dit Henri, serrez l’échelle de corde avec soin : c’est un meuble précieux pour des conspirateurs ; et, au moment où l’on s’y attend le moins, on peut avoir besoin de s’en servir. Venez, monsieur de La Mole, venez.




XII

les ambassadeurs.


Le lendemain toute la population de Paris s’était portée vers le faubourg Saint-Antoine, par lequel il avait été décidé que les ambassadeurs polonais feraient leur entrée. Une haie de Suisses contenait la foule, et des détachements de cavaliers protégeaient la circulation des seigneurs et des dames de la cour qui se portaient au-devant du cortège.

Bientôt parut, à la hauteur de l’abbaye Saint-Antoine, une troupe de cavaliers vêtus de rouge et de jaune, avec des bonnets et des manteaux fourrés, et tenant à la main des sabres larges et recourbés comme les cimeterres des Turcs.

Les officiers marchaient sur le flanc des lignes.

Derrière cette première troupe en venait une seconde équipée avec un luxe tout à fait oriental. Elle précédait les ambassadeurs, qui, au nombre de quatre, représentaient magnifiquement le plus mythologique des royaumes chevaleresques du seizième siècle.

L’un de ces ambassadeurs était l’évêque de Cracovie. Il portait un costume demi-pontifical, demi-guerrier, mais éblouissant d’or et de pierreries. Son cheval blanc à longs crins flottants et au pas relevé semblait souffler le feu par ses naseaux ; personne n’aurait pensé que depuis un mois le noble animal faisait quinze lieues chaque jour par des chemins que le mauvais temps avait rendus presque impraticables.