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II

la reconnaissance du roi charles ix


Maurevel était resté une partie de la journée dans le cabinet des Armes du roi ; mais, quand Catherine avait vu approcher le moment du retour de la chasse, elle l’avait fait passer dans son oratoire avec les sbires qui l’étaient venu rejoindre.

Charles IX, averti à son arrivée par sa nourrice qu’un homme avait passé une partie de la journée dans son cabinet, s’était d’abord mis dans une grande colère qu’on se fût permis d’introduire un étranger chez lui. Mais se l’étant fait dépeindre, et sa nourrice lui ayant dit que c’était le même homme qu’elle avait été elle-même chargée de lui amener un soir, le roi avait reconnu Maurevel ; et se rappelant l’ordre arraché le matin par sa mère, il avait tout compris.

— Oh ! oh ! murmura Charles, dans la même journée où il m’a sauvé la vie ; le moment est mal choisi.

En conséquence il fit quelques pas pour descendre chez sa mère ; mais une pensée le retint.

— Mordieu ! dit-il, si je lui parle de cela, ce sera une discussion à n’en pas finir ; mieux vaut que nous agissions chacun de notre côté.

— Nourrice, dit-il, ferme bien toutes les portes, et préviens la reine Élisabeth[1] qu’un peu souffrant de la chute que j’ai faite, je dormirai seul cette nuit.

La nourrice obéit, et, comme l’heure d’exécuter son projet n’était pas arrivée, Charles se mit à faire des vers.

C’était l’occupation pendant laquelle le temps passait le plus vite pour le roi. Aussi neuf heures sonnèrent-elles que Charles croyait encore qu’il en était à peine sept. Il compta

  1. Charles IX avait épousé Élisabeth d’Autriche, fille de Maximilien.