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Page:Dumas - La Reine Margot (1886), tome 2.djvu/211

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plante, c’est ce que je désignais sous le nom d’herborisations. Je trouve ici tout ce que je cherchais.

— Ainsi le chien est empoisonné ?

— Oui, sire.

— Avec un poison minéral ?

— Selon toute probabilité.

— Et qu’éprouverait un homme qui, par mégarde, aurais avalé de ce même poison ?

— Une grande douleur de tête, des brûlures intérieures, comme s’il eût avalé des charbons ardents ; des douleurs d’entrailles, des vomissements.

— Et aurait-il soif ? demanda Charles.

— Une soif inextinguible.

— C’est bien cela, c’est bien cela, murmura le roi.

— Sire, je cherche en vain le but de toutes ces demandes.

— À quoi bon le chercher ? Vous n’avez pas besoin de le savoir. Répondez à nos questions, voilà tout.

— Que Votre Majesté m’interroge.

— Quel est le contre-poison à administrer à un homme qui aurait avalé la même substance que mon chien ?

René réfléchit un instant.

— Il y a plusieurs poisons minéraux, dit-il : je voudrais bien, avant de répondre, savoir duquel il s’agit. Votre Majesté a-t-elle quelque idée de la façon dont son chien a été empoisonné ?

— Oui, dit Charles : il a mangé une feuille d’un livre.

— Une feuille d’un livre ?

— Oui.

— Et Votre Majesté a-t-elle ce livre ?

— Le voilà, dit Charles en prenant le manuscrit de chasse sur le rayon où il l’avait placé et en le montrant à René.

René fit un mouvement de surprise qui n’échappa point au roi.

— Il a mangé une feuille de ce livre ? balbutia René.

— Celle-ci.

Et Charles montra la feuille déchirée.

— Permettez-vous que j’en déchire une autre, sire ?

— Faites !

René déchira une feuille, l’approcha de la bougie. Le papier prit feu, et une forte odeur alliacée se répandit dans le cabinet.