Charles regarda sa mère assez embarrassé de la réponse qu’il avait à faire.
— Mon fils, dit Catherine, vous recevez des gens suspects.
— Bien, dit Henri ; et ces gens suspects me compromettent, n’est-ce pas, Madame ?
— Oui, Henri.
— Nommez-les-moi, nommez-les-moi ! Quels sont-ils ? Confrontez-moi avec eux !
— En effet, dit Charles, Henriot a le droit de demander une explication.
— Et je la demande ! reprit Henri, qui, sentant la supériorité de sa position, en voulait tirer parti ; je la demande à mon bon frère Charles, à ma bonne mère Catherine. Depuis mon mariage avec Marguerite, ne me suis-je pas conduit en bon époux ? qu’on le demande à Marguerite ; en bon catholique ? qu’on le demande à mon confesseur ; en bon parent ? qu’on le demande à tous ceux qui assistaient à la chasse d’hier.
— Oui, c’est vrai, Henriot, dit le roi ; mais, que veux-tu ? on prétend que tu conspires.
— Contre qui ?
— Contre moi.
— Sire, si j’eusse conspiré contre vous, je n’avais qu’à laisser faire les événements, quand votre cheval ayant la cuisse cassée ne pouvait se relever, quand le sanglier furieux revenait sur Votre Majesté.
— Eh ! mort-diable ! ma mère, savez-vous qu’il a raison !
— Mais enfin qui était chez vous cette nuit ?
— Madame, dit Henri, dans un temps où si peu osent répondre d’eux-mêmes, je ne répondrai jamais des autres. J’ai quitté mon appartement à sept heures du soir ; à dix heures mon frère Charles m’a emmené avec lui : je suis resté avec lui pendant toute la nuit. Je ne pouvais pas à la fois être avec Sa Majesté et savoir ce qui se passait chez moi.
— Mais, dit Catherine, il n’en est pas moins vrai qu’un homme à vous a tué deux gardes de Sa Majesté et blessé M. de Maurevel.
— Un homme à moi ? dit Henri. Quel était cet homme, Madame ? nommez-le…
— Tout le monde accuse M. de La Mole.
— M. de La Mole n’est point à moi, Madame ; M. de La Mole