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LA REINE MARGOT.

Catherine avait des passe-partout pour toutes les portes du Louvre.

— Qui est là ? s’écria Marguerite, tandis que Catherine consignait à la porte une garde de quatre gentilshommes qui l’avait accompagnée.

Et, comme si elle eût été effrayée de cette brusque irruption dans sa chambre, Marguerite, sortant de dessous les rideaux en peignoir blanc, sauta à bas du lit, et, reconnaissant Catherine, vint, avec une surprise trop bien imitée pour que la Florentine elle-même n’en fût pas dupe, baiser la main de sa mère.




XIV

seconde nuit des noces.


La reine mère promena son regard autour d’elle avec une merveilleuse rapidité. Des mules de velours au pied du lit, les habits de Marguerite épars sur les chaises, ses yeux qu’elle frottait pour en chasser le sommeil, convainquirent Catherine qu’elle avait réveillé sa fille.

Alors elle sourit comme une femme qui a réussi dans ses projets, et tirant un fauteuil :

— Asseyons-nous, Marguerite, dit-elle, et causons.

— Madame, je vous écoute.

— Il est temps, dit Catherine en fermant les yeux avec cette lenteur particulière aux gens qui réfléchissent ou qui dissimulent profondément, il est temps, ma fille, que vous compreniez combien votre frère et moi aspirons à vous rendre heureuse.

L’exorde était effrayant pour qui connaissait Catherine.

— Que va-t-elle me dire ? pensa Marguerite.

— Certes, en vous mariant, continua la Florentine, nous avons accompli un de ces actes de politique commandés souvent par de graves intérêts à ceux qui gouvernent. Mais il le faut avouer, ma pauvre enfant, nous ne pensions pas que la