Page:Dumas - La Reine Margot (1886).djvu/22

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
14
LA REINE MARGOT.

d’Ulysse, si je voulais prendre Votre Majesté en mensonge.

— Essayez, ma mie, essayez…

— Ah ! ma foi ! j’avoue que j’en combats l’envie.

— Laissez-vous vaincre : les femmes ne sont jamais si fortes qu’après leur défaite.

— Sire, je retiens votre promesse pour Dariole le jour où vous serez roi de France.

Henri jeta un cri de joie.

C’était juste au moment où ce cri s’échappait de la bouche du Béarnais que la reine de Navarre répondait au duc de Guise :

Noctu pro more : Cette nuit comme d’habitude.

Alors Henri s’éloigna de madame de Sauve aussi heureux que l’était le duc de Guise en s’éloignant lui-même de Marguerite de Valois.

Une heure après cette double scène que nous venons de raconter, le roi Charles et la reine mère se retirèrent dans leurs appartements ; presque aussitôt les salles commencèrent à se dépeupler, les galeries laissèrent voir la base de leurs colonnes de marbre. L’amiral et le prince de Condé furent reconduits par quatre cents gentilshommes huguenots au milieu de la foule qui grondait sur leur passage. Puis Henri de Guise, avec les seigneurs lorrains et les catholiques, sortirent à leur tour, escortés des cris de joie et des applaudissements du peuple.

Quant à Marguerite de Valois, à Henri de Navarre et à madame de Sauve, on sait qu’ils demeuraient au Louvre même.




II

la chambre de la reine de navarre.


Le duc de Guise reconduisit sa belle-sœur, la duchesse de Nevers, en son hôtel qui était situé rue du Chaume, en face de la rue de Brac, et, après l’avoir remise à ses femmes, passa dans son appartement pour changer de costume,